Baker

Cas clinique

Samedi 30 avril 2011 à 12:01

          Les pieds ont infusé six jours dans l'eau turquoise et mes doigts puent le maquis, le fromage et le saucisson d'âne. Dans cette région où les vaches traversent les routes et sont plus avenantes que les habitants, on est fier de tout, même si les villes principales sont délabrées, avec leurs façades vomissant des briques qui évoquent plus le nom de La Fouine que de Tino Rossi, et s'il n'y a que des vieux parce qu'une fois qu'ils ont l'occasion de partir, les jeunes ne reviennent jamais. Dans ce coin où les femmes s'habillent toujours en noir parce qu'elles perdent un mari, un fils, un frère ou un cousin tous les mois, où les cimetières sont plus grands que des villages et où les rues, les places et les musées s'appellent "Napoléon Bonaparte", "Danielle Casanova" ou "Pascal Paoli", respectivement tyran, martyre et roi misérable de l'île, on comprend vite qu'on est pas chez soi et que ça ne sera jamais le cas.
          Alors on les oublie en se cachant les orteils dans les plages de sable épais, en laissant ses yeux se perdre sur les montagnes qui plongent dans la mer et en essayant de suivre les petits sentiers qui découpent le maquis, parce que ce ne sont pas les pins parasols qui vous diront que vous faîtes chier.

Vendredi 22 avril 2011 à 2:34

          Répétition au vin blanc d'une fanfare qui coule, l'œil gauche à moitié clos vient frapper chez vingt ans, Elle n'a eu qu'une brève. La fête est déjà partie en oubliant ses traces de liquide par terre et de bouteilles vides, et le potin la remplace. Le rhum est rose et on se réconcilie lui et moi. Le temps, en passant, souligne qu'il semblera surnaturel de travailler demain, alors au revoir, bisous, merci, escaliers et clés de contact. Dans la noirceur de l'heure où les hommes aux nez blanchis ne marchent plus droit et les filles tentent de ne pas lâcher leurs talons dans leurs mains, les couples se déshabilleraient à même le trottoir, et je ne sais trop quoi dire, car Elle dort déjà.

Vendredi 15 avril 2011 à 9:33

          Faute de musiciens à la répétition, on a joué de la bière, juste une, hein, du champagne, non vraiment, bon, mais juste un verre, et du rosé, non je dois y aller, là, je,..., merci, c'est vrai qu'il est bon. Puis, rentrant pressé parce que le téléphone devait pleurer, le whyskie a lancé les cinq heures de sommeil au lâcher de combiné. Et les yeux se retrouvent assis sur le bord de leurs orbites, écrasés par les paupières qui ne se portent plus.

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