Autour d'un volume à environ trois mètres du sol. Au nord, quelques barres sortent des arbres, et un vent froid qui sent l'intérieur des terres. Comme tous les autres vents, d'ailleurs, sauf celui de l'est, qui sent la ville. L'ouest montre chaque jour son crépuscule aussi rose que partout, qui le soir teinte la tôle du bâtiment qui remplit la moitié gauche de la vue. Le sud est un souvenir. La nuit tombe déjà vite, et l'immeuble s'allume à peine, coloré avec mauvais goût, selon les motifs et les teintures des rideaux traversés par la lumière des néons. La moitié droite, une barrière végétale qui semble le jour cacher le bout du monde, devient une coulée de nuit sur la pelouse négligée, crevée de quatre pauvres étoiles, des lampadaires d'une hypothétique route dont les camions chantent parfois l'existence. Le ciel nocturne est toujours parfaitement noir, que des nuages le cachent ou non. De jour, il est souvent blanc, parfois bleu, presque toujours uni, d'ailleurs.
          Dix-huit mètres carrés de lino jauni retiennent les tâches de cuisine et les traces de chaises. On se douche aux toilettes, dans  la cabine d'un bleu standard à peine souillé d'une pellicule blanche que laisse l'eau trop calcaire. La brosse est rose. Les rideaux d'une sorte de rouge, luxe des deux-pièces de la résidence, gardent les odeurs de cuisine. Les murs, neuf en comptant large, ont dû être blancs. Le lit beige grince quand on y bouge trop, ceux des voisins aussi. Les tables grises et lisses se recouvrent jour après jour de traces de doigts et déjà de poussière.
          RAS.