Baker

Cas clinique

Jeudi 14 octobre 2010 à 20:07

Chers père et mère ça va pas dans mon cerveau.
Mes yeux qui étaient bleus, sont devenus tout rouges.
Y a plus d'envies, de joie, je crois que rien ne bouge.
Toutes ces gérémiades. Regardez, j'ai bobo.

Tout seul au bord du Styx, je fais des ronds dans l'eau,
Je regarde passer les âmes de ces courges
Qui ont si bien vécu, réussi là ou je
Reste amorphe en buvant des litres de sirop.

C'est l'Hiver ! C'est l'Automne ! C'est comment le futur?
Au sommet de mon cou, ma Muse qui carbure
Me souffle ces vers-là, dignes de Marc Lévy.

Tous ces mots puent autant que des hydrocarbures
Mais allez donc crier "salaud ! à l'imposture !"
Je m'en fous de tout ça je suis déjà parti.

Mercredi 13 octobre 2010 à 13:35

L'ambition, c'est perdu.
Il n'y a pas d'aspirations. Je suis vide.


Mercredi 13 octobre 2010 à 10:34

          Dix heures et un petit quart passés, l'alarme incendie se met à hurler pour donner le départ de la course à la sortie. Etudiants et fonctionnaires disciplinés s'échangent des sourires, on rigole de l'exercice dans la fac. La seule fumée vient des clopes allumées en attendant sur le parvis, les éclats de voix sont des rires. "Faudrait qu'un jour on l'fasse en foutant des fumigènes et en f'sant v'nir les pompiers". Elle a pas tort Rebecca, parce qu'au fond, on a tous appris à ne pas y croire depuis le collège. Le soleil se cache ce matin, j'ai les larmes aux coins de mes yeux rouges et le nez qui coule.
          Je suis triste de froid.

Mercredi 13 octobre 2010 à 0:20

          "Léonce Petitcolin - marchand de blattes" disait ma carte. Les affaires marchaient fort, puisqu'une bonne maison doit avoir des cafards pour prouver qu'on a à manger. Puis pour montrer qu'on est assez riche pour les faire éliminer. Du lundi au dimanche, dans les rues, porte après porte, je vante la vigueur et la fécondité de mes insectes en bocaux. J'en ai même des colorés pour amuser les enfants, des gros pour les myopes et des musicaux pour des fêtes réussies.
         

          Ce soir-là j'avais beaucoup vendu, et il fallait que je rentre chez moi me réapprovisionner pour un marché de nuit, occasion en or pour tous les commerçants en nuisibles, que ce soit mes blattes ou des bibelots artisanaux. Mais devant la porte de l'immeuble, il y avait une joli plaque argentée qui disait "L'accès à l'immeuble est strictement interdit à tous colporteur, démarcheur,...". Je ne pouvais plus rentrer chez moi.

         La gardienne ne voulut rien savoir ! Alors que je lui avais vendu mes plus beaux insectes à un prix dérisoire, et qu'elle jouissait d'en trouver un tantôt dans un paquet de farine, tantôt sur son lit pendant l'amour ! Qui allait s'occuper de mes bébés dans leurs bocaux? Personne à présent. J'ai pu acheter quelques bouteilles avec l'argent du jour. J'ai tout bu, jour après jour, sur les poubelles de l'immeuble, en regardant courir des cafards de goutière, sans pedigree, l'antenne triste et les pattes tordues. Ma barbe a poussé, et j'ai dû manger mes vêtements pour survivre.
         
          Une nuit que j'allais engloutir mon cache-pudeur, une main me tendit une petite carte qui disait "Popol Bouchinet - marchand de miséreux". "C'est un marché en pleine expansion ! Quel quartier aujourd'hui n'a pas son mendiant? Je vous le demande ! Vous êtes en excellent état, vraie barbe, des ongles bien noirs, et pouah ! vous sentez déjà la vinasse ! Monsieur, au travail !". Et il me mit dans sa valise.

Mardi 12 octobre 2010 à 10:31

          Dans quelques mois ça ne parlera plus de moi. Juste quelques semaines avant que ça ne te concerne plus. Plus que quelques jours avant que ça n'évoque plus la vie courante. Attendre quelques heures pour qu'il n'y ait rien à dire. Les quelques dernières minutes seront muettes. Et dans quelques secondes ça

Lundi 11 octobre 2010 à 15:58

          Elle s'appelle Laury, et elle vient de Madagascar pour faire ses études en France, tout juste après son bac. Ses dix-huit ans et son petit mètre cinquante étaient accompagnés des cinquantes ans et des cent-dix kilos de Jacques.
         
          Jacques est poli. C'est une qualité rare aujourd'hui. Jacques est aussi énorme, il porte fièrement un groin qui coule de son front gras, il laisse s'accumuler en perles les gouttes de sueur dégoulinant de ses lambeaux de chevelure huileuse et en paquet ,et surtout, Jacques a des odeurs. Celle de la transpiration, la faute aux quatre étages. Celle de la crasse, qui rappelle un peu l'urine. Celle du tabac froid. Et celle du sexe, quand il pose sa main d'ours pelé aux ongles jaunis par l'amour des gitanes sans filtres sur la nuque lisse et mate de la malgache, dans ce couloir de l'université.
         
          C'est leur tour, ils entrent dans mon bureau. Bonjour, je viens l'inscrire,..., malgache,..., avion,..., études en France,... Jacques est en verve. Moi en apnée. Même les papiers d'inscriptions puaient cet homme. Mes mains courent sur mon clavier, les siennes sur les cuisses de Laury. La crasse s'accroche aux murs qui se couvrent de vomissures noires, et il n'y a que nous trois dans ces dix mètres carrés. Triste triangle amoureux. Jacques transpire, Laury sourit, et j'ai mal pour elle. Mal quand il m'explique qu'elle a laissé sa famille là-bas pour venir en France, mal quand j'apprends qu'elle n'a personne d'autre que Jacques, mal quand je comprends que son statut étudiant ne servira qu'à avoir un visa pour que ces vieilles couilles, pleines de frustration, de dégoût et de nature humaine, se vident dans un corps de dix-huit ans en toute légalité, et mal quand je l'imagine sur elle, lui offrant les perles de sueur qu'il sait si bien porter.
         
          J'annonce les frais d'inscriptions quand il finit de l'embrasser, obligé de lui sourire parce qu'il me fait peur. Il trouve que trois cent soixante-dix-huit euros, c'est quand mêm' cher. Une gamine bien foutue, c'est trois cent balles. Moi je ne vaux rien. Je suis complice de prostitution détournée, et l'odeur terrible de ce démon flotte encore entre les quatre murs pour me le rappeler.

Dimanche 10 octobre 2010 à 15:32

M. Doc : "Vous courez trop !"
Baker : "Je sais pas m'arrêter."
M. Doc : "Hey, arrête la folie, arrête ta folie ! C'est 22 euros."

Dans la salle d'attente une blonde qui lit un starting-block.

Dimanche 10 octobre 2010 à 14:28

          Matin. Toi et Moi.
"-Il s'appelle Octobre ! as-tu dis.
-Qu'est-ce qui t'as pris, je croyais que tu voulais un gosse?
-Ben ça sera un chien. Il est mignon, hein, regarde il m'aime déjà, oh oui tu es gentil, oui.
-Lâche-le un peu et va t'habiller, ta mère aime pas qu'on soit en retard.
-Oh oui ! on va le présenter à maman !"

          Midi. Toi, Moi, Lui.
"-Octobre ! as-tu crié.
-Oui?
-C'est marrant, hein, je t'appelle Octobre aussi comme ça quand j'appelle vous venez tous les deux !
-Non, y a que moi.
-Ah oui, il est au chiottes.
-J'attends depuis un quart d'heure.
-T'as qu'à prendre sa caisse.
-Très drôle, ai-je pensé accroupi au-dessus du sable."

          Soir. Toi, Lui, Moi.
"-Bon anniversaire, as-tu soupiré.
-Un collier avec une adresse, un os à mâcher et une balle de tennis neuve. Tu as fais des folies ma chérie.
-Et t'as pas vu le meilleur.
-Du vrai mou de veau dans une gamelle neuve !
-Plus grande que celle d'Octobre, t'es pas mon mari pour rien.
-Je pourrai dormir au pied du lit ce soir?
-Si tu ne fais pas les poubelles quand on sortira tout à l'heure, et que tu ne ronfles pas, Octobre est fatigué en ce moment."

          Nuit. Lui et Moi.
"-C'est moi qu'elle aime.
-Wouf !
-Ah ! T'as des crocs? Moi j'ai un flingue. Tiens.
-Kaï..."

          Matin. Toi et Moi.
"-C'est quand même triste qu'Octobre se soit enfui... as-tu répété.
-Oui.
-Mais j'ai une surprise : il s'appellera aussi Octobre !
-Un poisson rouge !"

J'ai peur.

Samedi 9 octobre 2010 à 19:43

Théâtre.
Au revoir Mamie.
Grand zapping show.
Elle.
Fanfare aux puces.
Virée en caisse.
Démission.
Paul Valéry.
La tétralogie d'Ahmed
d'Alain Badiou est un corpus fantastique de textes géniaux.
Il faut le lire. Et apprendre les pages 55 à 58 a dit Eve.
Puis s'engager.
Des questions ?

Samedi 9 octobre 2010 à 3:22

           Oulala j"ai vomi. Je suis soul. Ca serait l'histoire d'un mec et d'un  chien...Demain....

Vendredi 8 octobre 2010 à 11:23

          J'ai commencé un blog parce que je serai jamais une star. Parce que je pourrai geindre dessus. Et que vous aimerez ça. J'ai coupé mes cheveux, j'ai lâché prise, j'ai écris, j'ai cherché un avenir, j'ai couru après elle, j'ai acheté des chemises. Je suis fier.

Vendredi 8 octobre 2010 à 10:46

1,2...1,2.... Grrrshwwshllblbh... C'est parti.

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