Le fumet des bars trop sombres et bruyants avec leurs tables en bois qui semblent transpirer ; le pied hésitant sur le sol pavé de reflets confus qu'attrapent les yeux moins vifs ; les kilomètres à pied qui passent comme des secondes ; et le fatal creux de minuit qui s'accompagne de la descente qui rend quoique ce soit plus fatiguant, ennuyeux et irritant, quand juste avant le monde se tapissait de drôle ; tout était consigné dans le coffre qui contient ces choses que l'on ne fait ni pas ni plus. Ni pas parce qu'on l'a déjà fait. Ni plus parce qu'on le fait encore. Un peu qu'on a peur de faire devenir souvent, parce que c'est si facile qu'une fois qu'on y est, on balbutie que c'est trop et qu'il faut qu'on arrête. Donc tout cela était rangé.
Mais dans la longue veille qui prend fin avec le soleil, parce qu'il faut dormir pour admettre un passage à demain après ces journées de cinquante heures, la mousse pâteuse de la bière noire, le moindre abri contre le vent polaire, les phrases qui ne se terminent plus, le hoquet et les remises en question du nombre de personnes qu'un lit peut accueillir et de volume de liquide qu'un corps peut assimiler prennent alors, à nouveau, à ce point des tournures fantastiques qu'on ne peut que se dire qu'il est dommage qu'on ne le fasse pas, car on n'ose admettre qu'on ne le fait simplement plus, en répétant, à raison, que ça creusait les cernes et les rides.
Au point de ne même plus savoir en parler.
Oui, car j'ai la nostalgie du caniveau, du temps maudit où je savais vomir, pouffer et m'essuyer du revers d'une main tremblante, entrecoupant un rire benêt de crachas bileux et ternes, gratter ces résidus secs sur mon poignet avec l'ongle après qu'ils aient séché grâce aux longues minutes de repos sur la cuvette, alors havre de confort. Ah ! sortir des chiottes ou se relever du trottoir triomphal, penaud, grognon ou affamé mais toujours apaisé et tituber dans une centrifugeuse bruyante et incompréhensible pour trouver n'importe quoi d'horizontal qui ne soit pas le sol et qui puisse être mou pour y ronfler à s'en réveiller. Trouver le sommeil. Perdre le lendemain. Se savoir, à force, honteux de le faire. Puis, bien des mois plus tard, déchiré car ça ne se fait pas. Oui, hélas, ça ne se fait plus.
Mais dans la longue veille qui prend fin avec le soleil, parce qu'il faut dormir pour admettre un passage à demain après ces journées de cinquante heures, la mousse pâteuse de la bière noire, le moindre abri contre le vent polaire, les phrases qui ne se terminent plus, le hoquet et les remises en question du nombre de personnes qu'un lit peut accueillir et de volume de liquide qu'un corps peut assimiler prennent alors, à nouveau, à ce point des tournures fantastiques qu'on ne peut que se dire qu'il est dommage qu'on ne le fasse pas, car on n'ose admettre qu'on ne le fait simplement plus, en répétant, à raison, que ça creusait les cernes et les rides.
Au point de ne même plus savoir en parler.
Oui, car j'ai la nostalgie du caniveau, du temps maudit où je savais vomir, pouffer et m'essuyer du revers d'une main tremblante, entrecoupant un rire benêt de crachas bileux et ternes, gratter ces résidus secs sur mon poignet avec l'ongle après qu'ils aient séché grâce aux longues minutes de repos sur la cuvette, alors havre de confort. Ah ! sortir des chiottes ou se relever du trottoir triomphal, penaud, grognon ou affamé mais toujours apaisé et tituber dans une centrifugeuse bruyante et incompréhensible pour trouver n'importe quoi d'horizontal qui ne soit pas le sol et qui puisse être mou pour y ronfler à s'en réveiller. Trouver le sommeil. Perdre le lendemain. Se savoir, à force, honteux de le faire. Puis, bien des mois plus tard, déchiré car ça ne se fait pas. Oui, hélas, ça ne se fait plus.