Baker

Cas clinique

Vendredi 10 juin 2011 à 19:37

          Le silence n’existe pas. La chaleur fait s’ouvrir les fenêtres des immeubles comme les fleurs d’un vieil arbre, et les oiseaux commencent pour chanter l’introduction du morceau barbare du réveil, suivis par les éboueurs qui passent avant le grand débarquement des autos du monde qui s’active. Rapidement avalé par la tempête, on entend parler, rire, éternuer, renifler, bailler, pisser, manger et s’arrêter en un rôt. L’honnêteté requiert qu’on assume de faire pareil, avec mille et une combinaisons : parler en baillant, éternuer la bouche pleine, renifler debout face à la cuvette, et rire grassement après un rôt. L’insoutenable tic et son acolyte, tac, rythment comme aux galères les gestes mécaniques jusqu’au sortir du travail, du cours, de la cellule, du parc et de la salle de sport.
          On retourne au point de départ, en martelant plus ou moins bruyamment le sol selon qu’on habite au rez-de-chaussée ou au treizième sans ascenseur, on jette ses chaussures en entendant les voisins le faire par les vitres béantes, on braille qu’ ‘’on est rentré ça va ?’’ à ceux qui sont déjà présents, ou un marmonne avec une belle flatulence qu’on se materait bien un film en bouffant les restes du frigo si on est seul.
           Les dernières heures avant l’extinction des feux remplissent les oreilles de musique, de murmures de feuilles tournées ou de la mitraille du clavier. Si l’on a quelqu’un à aimer, on écoutera ses soupirs appuyés avant de se rendre sans résister au sommeil, sinon, c’est ceux des voisines qui retarderont l’évènement, quand ce n’est pas une fête ou un autre candidat au repos qui hurle qu’il veut du silence bordel de putain de merde de nom d’une pipe qu’y en qui bossent enculés allez vous faire foutre je vais appeler les flics vous allez voir scrogneugneu. Peuvent rester comme derniers remparts les robinets, les chasses d’eau, les amoureux rentrés plus tard que prévu, les moustiques, les musiciens souls, les ivrognes qui ne savent jouer d’aucun instrument ou, sirènes hurlantes, les pompiers qui font la course avec l’ambulance et la police pour arriver les premiers à la même soirée qui commence à casser les couilles merde ça vous apprendra bande de cons ça va plus être possible hein la prochaine fois c’est moi qui viendrai et ça va barder connards. Et le réveil interromp le dernier bâillement d’épuisement.

Ordonnance

Urgences

Par Ursula-andthe-Dude le Vendredi 10 juin 2011 à 22:24
Quand on est en dialyse c'est qu'on se perfuse en attendant une greffe. Oui je vois le mal partout: je révise ma philo.
 

Urgences









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